Elliot Davis n’avait jamais été un fan d’Harry Potter. En fait, il l’avait détesté durant une grande partie de sa vie. Après tout, si lors de la grande bataille il s’était rendu au moment opportun, ses parents auraient survécu. L’homme avait semblé au courant de sa colère dés leur première rencontre, car il semblait toujours sur ses gardes avec lui. Enfin, Elliot aimait croire que c’était à cause de cela. La vérité, c’était à cause de son sang. IL était le cousin d’un grand chasseur après tout. L’un des pires. Et Potter avait de nombreuses raisons pour se méfier de lui. Après tout, le sang des O’Connell voulait dans ses veines. Il était maudit comme tous les autres. C’était surement pour cela que dés le moment où il avait mis les pieds à Poudlard, il avait été repéré. Il avait eu droit à un très bel accueil, pour tout dire. Un grand barbu très charmant était venu s’occuper de lui pour le conduire directement dans ce qu’il croyait être au départ les cachots, mais qui était en faite la salle de réunion de l’Ordre. Enfin, il aurait certainement pu tomber sur pire, se connaissant…Chanceux comme il était, Potter l’attendait de pied ferme dans la grande pièce, debout devant les flammes

« Que me vaut ta présence, O’Connell?

Pourquoi s’en doutait-il? Évidemment que Potter le croyait pour un O’Connell, il avait la sale gueule d’ange déchu qui allait avec. Lui adressant un sourire un tantinet arrogant, Elliot prit place confortablement sur une chaise très confortable qu’il devina aisément comme celle de l’Élu, et répondit avec nonchalance comme il le faisait si souvent pour agacer les gens;

« C’est Davis, Potter. Davis, pas O’Connell.

Le regard vert du survivant se planta dans celui azur d’Elliot. Aucun des deux ne bougea, aucune expression n’était déchiffrable dans leurs traits. Puis Potter sourit.

« Et bien, vous êtes comme on dit. Vous avez un sale caractère. Je vous repose la question; que me vaut l’honneur de votre présence, Davis?

Elliot ne se gêna pas pour lui lancer un regard noir. Pour qui se prenait-il? Il parlait comme un vieux pape alors qu’il n’était que dans la trentaine. Il était possédé par Dumbledore ou quoi? Il y avait même cette saleté de lueur de malice dans ses yeux. Où cachait-il ses bonbons au citron? C’était bien la seule chose qu’il aimait de Dumbledore, dans le temps. Avec son oiseau.

«C'est pas vous que j'suis venu voir, en tous cas. Où est Jessie?

Ouh là, Potter n’était pas content, vu la façon dont il fronçait des sourcils. Elliot eut presque envie de lui rire au nez, mais il se contrôla et se contenta plutôt que d’hausser d’un sourcil, attendant sa réponse. Il croisa même ses jambes et se mit un peu plus confortable sur la chaise de Potter. Ce mec n’avait aucun humour, en tous cas.

« Je ne crois pas qu’il serait préférable que vous le voyez, Davis.

Là, Elliot fronça des sourcils.

« Okay, c’est quoi votre foutu problème? J’suis pas venu ici pour faire d’la merde, mais on dirait bien que c’est c’que vous cherchez. Jessie est mon foutu cousin, et j’compte bien le voir. J’viens d’un putain de champ de bataille, j’ai pas dormi depuis 38heure, j’ai mal partout, alors vos leçons, gardez les pour vous bordel! Non mais merde, j’suis un Nympha, pas un putain de chasseur. Y’a des limites à votre connerie, quand même.

Potter semblait un peu sous le choc, pour tout dire. Devait-il lui dire de fermer la bouche, au risque de manger une mouche? Mm… non, pas du tout. Se levant sans attendre de réponse, Elliot se dirigea vers la porte. Évidemment, il se doutait bien que quelqu’un allait l’en empêcher de l’autre côté, mais heureusement pour lui, ce fut exactement à ce moment là que Jessie franchit la porte, complètement essoufflé. Il avait surement entendu parler de sa présence dans le château. Sans attendre, Elliot le serra dans ses bras… il était tellement rassuré de le savoir en vie.

« Bordel Jessie, la prochaine fois que Morgan fait une connerie pareil, appelle moi.

Quand petit devient grand. Elliot regardait Jessie, et c’était tout ce qu’il lui venait en tête. Il ressemblait tant à son père. Alors que le petit O’Connell était en train de supplier Potter pour qu’il reste, Elliot l’avait regardé. Il n’était plus un môme, en tous cas. Il était grand, moins que lui certes, mais quand même. Adieu les joues d’enfant innocent, il avait maintenant le regard d’un homme et les bras qui allaient avec. Les filles devaient se battre pour d’y trouver, c’était certain. Il devait avoir une petite amie, tiens. Un sourire à en briser des cœurs, mais une âme mutilée par la famille. Il devait certainement être musicien, ou un truc du genre. Morgan avait été une merde avec son frère, et Elliot comptait bien essayer de le sortir de là, ou du bien, de lui remonter les idées. Il voulait que Jessie soit droit, et non lâche et faible comme ils étaient. Elliot se savait déjà perdu depuis un moment, malgré ses airs de con et de dur. Il savait que la Mort était tout proche, prête à le faire tomber à tout moment. Elle n’attendait que le moment parfait pour faire le coup d’éclat. Elliot pouvait le sentir.

Une main agrippa la sienne. Elle était forte, masculine, et pourtant si fragile. Si semblable à celle de Laurent… Il fallut un moment à Elliot pour se rendre compte que c’était Jessie qui l’entrainait dans les couloirs, Potter ayant cédé. Son regard, au cours de leur marche, s’attarda sur les gens qui habitaient maintenant Poudlard. C’était étrange de ne pas voir les uniformes habituels. Les hosts marchaient librement dans les couloirs, et Elliot pouvait clairement entendre les voix des esprits, à l’intérieur d’eux, qui s’étaient montré. Mal de tête assuré. Fermant son esprit, il passa à côté d’un asiatique qui salua Jessie tout en le regardant étrangement. Elliot préféra l’ignorer. Puis ils se mirent à monter les escaliers. Si ses souvenirs étaient flous par rapport aux divers couloirs de Poudlard, il savait parfaitement où ils se rendaient. La tour d’astronomie. Son cœur se tordit un instant dans sa poitrine, ses multiples souvenirs à propos de Laurent lui revenant à la tête. Combien de temps s’étaient-ils vus là haut? Elliot ne s’en souvenait plus. C’était là qu’ils étaient tombés amoureux, pourtant. C’était là qu’Elliot avait vu le véritable Laurent.

La dernière marche. Son regard tombé directement sur les colonnes qui se trouvaient face à lui, là où prenait toujours place avec Laurent. Là où ils s’étaient embrassés pour la première fois, et dont il ne souvenait de rien à cause de la drogue. Son cœur se serra douloureusement dans sa poitrine, et comme pour ne plus y penser, il détourna le regard.

La voix de Jessie le ramena au présent.

" Il m'avait promis... Morgan, il m'avait promis de pouvoir revenir. Il a dit que si je le faisais... maman elle serait fière de moi, qu'elle me laisserait revenir au manoir, et même que... qu'elle m'aimerait nouveau. Il a dit qu'il ferait tout pour que ça arrive. Alors j'ai... je l'ai cru. Et j'ai fais ce qu'il m'a demandé, même si ça m'a rendu malade de le faire. Aujourd'hui, je sais que j'ai eu tort. J'ai tout dis. Je suis désolé Liot'... si tu savais à quel point... "

Morgan n’avait pas changé. Thomas avait échoué. La colère circulait librement dans ses veines, le rendant doucement mauvais. Il n’avait que peu d’heure de sommeil dans le corps, et cela n’aidait pas vraiment les choses. Passant une main dans ses cheveux, il inspira un bon coup, ne voulant pas se défouler sur Jessie. Il n’avait rien à voir avec tout cela. Il était le bien, lui, pas le mal. La malédiction l’avait surement oublié en chemin.

S’approchant de son cousin, il lui ébouriffa les cheveux avant de lui sourire. Jessie sembla se détendre.

« Hé… je t’en veux pas, ok? C’est Morgan le salaud, pas toi. T’as fait la bonne chose, tu t’es rendu compte des conneries que tu faisais, et ça, ce geste, ça montre à quel point t’es différent de quoi. Ça montre le bien que tu peux faire.

Sa main quitta ses yeux, son regard alla se porter à l’horizon. Il était tôt, tard, il n’en savait rien. Le ciel n’avait pas vraiment de couleur défini, jouant dans les nuances. Tout semblait si loin.

« Et pourquoi tu reste ici, maintenant que t’as laissé tomber. Une copine, p’être?

Il lui fit un clin d’œil.

« Elliot, je t’aime. Elliot, c’est moi. Elliot, Elliot, ELLIOT.

Il avait cru qu’il serait capable. Naïvement, en voyant leurs yeux lisant de larmes et leur petit visage d’enfant, il avait cru qu’il serait capable de faire la différence, de ne pas les considérer pour les jumeaux… mais voilà, il en était incapable. Laurent apparaissait à chaque seconde, chaque instant, dans un regard un geste ou une parole. C’était mal…c’était…démoniaque. Il en venait à vouloir tomber une fillette qui n’avait même pas encore commencé sa puberté. Parfois, il s’approchait trop…gardait ses yeux trop longtemps dans les siens… touchait sa peau bien trop longtemps. Il se dégoutait… Mais Laurent se trouvait là, si près de lui, quelque part dans ce petit corps. Il n’avait pas ce problème avec Sean/Brooklyn. Sean n’était qu’un ami, après tout, alors le serrer dans ses bras et rire avec lui n’était rien… mais Laurent, c’était totalement différent.

Les choses avaient changé quand, alors qu’il faisait nuit, Laurent s’était réveillé, au contrôle du corps de la tête. Elliot avait un peu bu, et Laurent était venu le rejoindre dans le salon. Ils n’avaient échangé que quelques mots, et à cause d’un simple regard, Elliot s’était penché pour l’embrasser. L’échange n’avait duré qu’à peine une seconde, mais tout s’était anéanti. Il avait repoussé Laurent, ignorer les larmes qui coulaient sur ses joues, se concentrant sur la fragilité de son corps, son geste envers une fillette à peine plus grande que sa taille, et était sorti de l’appartement en trompe.

Cette soirée là, Elliot avait acheté de la drogue dure pour la première fois depuis des années. Depuis sa mise en couple avec Laurent, depuis son overdose.

À partir de ce moment-là, il sombra lentement dans la déchéance. Dés le moment où il avait envie la/le toucher, de la/le regarder ou encore de l’embrasser, il se droguait. Du matin au soir il se trouvait dans un état semi-conscient assez puissant pour contrôler ses pulsions amoureuses. Les petites semblaient se rendre compte de son état, mais elles étaient si jeunes…elles ne pouvaient faire grand-chose, à part cacher ses cachets… et Elliot trouvait toujours un moyen pour s’en procurer d’autres.

Cette journée-là, Elliot n’avait rien pris depuis quelques temps. Les petites disparaissaient souvent et il avait un peu allégé la dose. Mais les gamines étaient revenues dans la soirée, et Laurent avait certainement remarqué son état, car il avait de nouveau reprit le contrôle à un moment, le regardant avec son regard si spécial et lui murmurant son amour. Elliot n’avait pas été capable d’endurer cela. Il avait filé à sa chambre, pris quelques cachets, quelques seringues, et sans un onze d’intelligence, avait tout mélangé avant de sortir, histoire de boire.

Au début, tout allait bien. Au début, il buvait un peu, l’esprit bien loin de Laurent et de toutes ces choses malsaines qui lui venaient en tête. Quand il s’était levé de son banc pour aller aux toilettes, le décor avait pris une drôle de forme et son cœur s’était fait tout petit dans sa poitrine, lui arrachant une plainte de douleur. Des images se mirent à danser devant ses yeux, créant des Laurent et des Sean qui n’étaient pas réel, et tanguant, il réussit à transplaner à Poudlard, à la tour d’astronomie.

Son corps s’effondra durement contre le sol, son genou droit dans un drôle d’angle. Il sentait la douleur envahir lentement son corps, et y jetant un regard, il put clairement voir le sang qui s’en échappait, et l’os qui faisait coucou. La pluie tombait violement contre son visage et sa blessure.

« Jessie…Jessie….aide … moi

Il ignorait pourtant il l’appelait. Jessie était en colère contre lui, tout comme il était en colère contre Jessie. Pourtant, il avait besoin de lui. Il sentait la fin proche, il sentait que cela approchait. Tout près de lui, il voyait la Mort, calme et souriante, attendant sa fin, lui tendant sa main. Lentement, les choses devinrent floues, et doucement, son esprit s’envola un peu…

Une dizaine de claque le ramenèrent à la réalité. Il ne savait pas combien de temps s’était passé, mais Jessie était là face à lui, les cheveux complètement mouillé et criant à tout va. Il le vit se lever pour descendre les escaliers, mais Elliot eut la force d’agripper son poignet.

« Non…Non…reste… il me – il toussa, et un peu de sang sortit de sa bouche. Les organes étaient touchés? – reste peu de temps… elle est là… juste elle… c’est fini…fini…

Sa main lâcha celle de Jessie. Il n’avait plus la force de la tenir… il se sentait partir bien loin…si loin… Son cœur battait lentement, et étonnant, il se rendit compte que cela faisait bien longtemps qu’il ne s’était pas senti aussi bien, aussi calme. La drogue, pourtant, était toujours violente avec son corps, et penchant la tête sur le côté, il vomit le peu de chose qu’il avait mangé dans la journée. Une partie de son vomi resta sur ses vêtements, mais il s’en fichait tellement…tout comme le sang qui s’y mélangeait. Il devait s’expliquer à Jessie.

« J’suis désolé…tellement... désolé. J’ai- j’ai retrouvé Laurent et Sean…tu-tu sais? Des putains de fillettes… elles…elles ont 11 ans, j’crois… j’sais plus. Laurent est…il est tellement… il insiste… J’pouvais pas… j’ai pas la force de…de résister… mais c’est malsain…oh…j’en peux plus, Jessie… j’en ai assez… je… - il toussa de nouveau, de plus en plus faible – j’en ai assez de tout ça…