Il était une fois...

Axel, il a pas vraiment eu une belle enfance, faut dire. Il a jamais eu de maman. Pourtant, il aurait pu en avoir deux. La première, elle l'a abandonné, avant même qu'il puisse en avoir conscience. Il a été adopté, par une famille de bourgeois honnêtes. Cependant, son autre mère, la deuxième, s'est suicidée quelques années après. Il a jamais vraiment su pourquoi. Faut dire que son père, il a un peu mal pris la chose. Et c'est sur Axel qu'il s'est vengé, du coup. Axel, il le sait bien, qu'il avait rien fait. Son père n'a jamais rien voulu entendre. Il l'a frappé.

Beaucoup de fois. Longtemps.

Axel, il en est pas ressorti sans séquelles. Loin de là. Il a eu mal. Il a eu mal dans le corps, et puis dans la tête. Parfois, ça semblait même faire mal dans le coeur. Quand les coups étaient violents, et qu'il croisait ses yeux. Parce que dans ses yeux, il y avait que de la haine. Dans les yeux de son père. Presque son père. Parce qu'au fond, même s'il ne l'a jamais montré, il l'affectionnait. Au début, oui, juste au début. Un jour, c'en a été trop. Il a essayé de se révolter, de se battre à son tour. Qu'aurait-il pu faire, avec un corp frêle comme le sien ? Petit et maigre, il n'était capable de rien. Capable que de fuir. De fuir loin.

De fuir jusqu'à Salem.

Il a tenté, au début, de se trouver du boulot. Rien. Faut dire que les gamins qui zonent, par ici, on préfère les voir derrière les barreaux. Il y est allé, plusieurs fois, sans avoir rien demandé. Puis au final, il a préféré leur donner des excuses pour l'y mettre, au trou. Au moins, ils ne feraient pas ça pour rien. Mais bon, au fil des années, quand on vit avec de la drogue dans la poche, on apprend à éviter la police, ou à s'en débarrasser. Axel est devenu un maitre dans cet art. Et puis, quand les policiers arrivent enfin à le cloitrer, il a toujours une ou deux connaissances bien placées qui ne peuvent se passer de lui et qui le font sortir rapidement.

C'est cool. Échange équitable, qu'il dit.

Et puis dans toute cette vie un peu pourrie, y'a eu un truc. Un seul de beau. Axel, il a trouvé Neo. Alors au début, ouais, il a tenté de résister à ce que sa tête lui disait de faire. Parce que bon, faut dire qu'il était trop petit à l'époque. Alors Axel, il a juste essayé d'être gentil. Come ça n'était pas arrivé depuis longtemps, très longtemps. Il est pas là pour ça, il faut dire. Il lui a donné à manger, au gamin. Cependant, il a rapidement voulu sa dose, comme les autres drogués de cette ville. Il pouvait pas lui donner comme ça, sans une thune, en échange. Mais il pouvait pas non plus le laisser seul, dans sa misère. Les gens en manque, Axel, il commence à les connaitre, et il sait c'que ça donne.

Il a craqué. Du jour au lendemain. C'était comme un besoin pour lui aussi, en fait. Il ne savait pas vraiment comment il avait résisté jusque là, il était juste sûr de plus en être capable. Se maitriser. Il avait bien tenu, jusque là, il avait été fort. Ca lui plaisait pas. Autant être faible, ça plaisait plus aux gens. Et puis, était-il à ça près ? Nan, pas vraiment au fond. Il avait besoin de Neo. Fallait plus se cacher les yeux, hein. Il était pas quelqu'un de borné avec lui-même. Il savait réaliser les choses.

Neo, ça a été un peu sa délivrance, et puis aussi celui qu'a commencé à creuser son gouffre. Neo, ça a été un peu sa drogue à lui. Ses champignons, sa LSD. Neo, ce sera celui qui va le perdre. Sûr !

Le caractère ...

Axel, il n'est pas gentil. Il est pas là pour ça, qu'il dit. Faut dire qu'il est déjà beau, on peut pas tout avoir. Intelligent aussi. Alors souvent, les beaux et intelligents, ils le savent, ça les rend un peu narcissiques, égocentriques. Ça pourrait ne pas être le cas de Axel. Mais ça l'est. Il regarde les gens de haut, parce qu'il se sent meilleur. On ne l'approuve pas forcément, mais il s'en fiche. C'est son avis qui importe, après tout. Les autres, soit ils le confortent dans son idée, soit ils pensent faux, en fait.

S'il a un égo si important de lui-même finalement, c'est certainement parce qu'il n'a personne d'autre, autour de lui, pour l'apprécier. Les gens qui semblent parfaits, les autres, ils n'aiment pas ça. Alors ils font comme si ça n'existait pas. Comme si Axel n'existait pas. Il compense. Parce que si en apparence, cela ne semble pas l'affecter, au fond de lui, il y a comme un gouffre qui s'est formé. Un gouffre qu'il remplit, un peu chaque jour, grâce à Neo. L'garçon est accro à sa drogue, Axel est accro au garçon. Il sait pas trop pourquoi, en fait. il sait bien que le garçon l'aime pas, qu'il le blesse à chaque voit qu'il le veut. Pourtant, il arrive pas à s'en passer.

Ça a été comme ça depuis le début. Les premières fois, quand le petit est venu, il s'est contenté de le faire payer. parce qu'au début, il réussissait à se contrôler. Ça a vite capoter, sa nature profonde reprenant le dessus sur le reste. Du coup, il a cédé à ses pulsions. Faut dire que, le gamin, pour sa dose, il est à peu près prêt à tout. Ça le brise un peu en même temps que ça le construit, quand il le voit. Il veut pas lui faire du mal au petit. mais il sait que c'est le seul moyen, alors il fait avec. Juste sa présence lui fait du bien. il est un peu moins arrogant, avec lui. Peut-être même un peu moins colérique.

Un petit peu. Mais c'est déjà ça. C'est pas donné à tout le monde, faut dire. Parce que les autres, ouais, il les déteste. Il leur doit rien, ils lui doivent rien. C'est parfait, comme ça. Il vit tranquille. Ou presque. Il aime bien ça, vivre tranquille. C'est son rêve. le plus beau.

Sous le capot de la voiture...

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