L’air était humide, tout comme l’herbe sous ses pieds. Au dessus de sa tête, quelques oiseaux volaient, et le ciel était clair. Le vent, haut et fort, pouvait facilement s’entendre et déranger les gens, mais Ivy s’en fichait. Il n’y avait que la nature autour d’elle, que l’herbe entre ses oreilles et le soleil sur tout son corps. Elle était bien, là, dans cette forêt trouvait au hasard. Enfin….hasard était un grand mot… pour tout dire, elle se trouvait dans la Forêt Interdite. Après avoir escorté quelques hosts la veille dans le château nouvellement QG de l’Ordre du Phénix, la jeune femme s’était aventurer dans la forêt, cherchant un endroit agréable pour dormir. Elle avait toujours détesté les lits et les canapés. Il n’y avait rien de mieux qu’un bon sol de plante.

Se retournant doucement sur le dos, la jeune femme eut un sourire amusé en voyant un petit intrus. Collé contre elle, un petit lapin dormait paisiblement, ne se souciant de rien. Délicatement, ses longs doigts allèrent caresser le pelage de la petite créature. Celle-ci, ne s’attendant pas à se faire toucher de la sorte, sursauta et la dévisagea avec des yeux effrayé. Ivy lui adressa un sourire rassurant, ainsi qu’une légère vague de magie pour le calmer. Le lapin referma doucement les yeux, s’endormant.

Passant une main dans ses cheveux, la jeune femme se redressa doucement. Il était assez tard, maintenant, il était temps de se lever. Attrapant son linge qu’elle avait roulé en boule pour faire un oreiller, elle s’habilla doucement, écoutant le bruit des feuilles et des animaux autour d’elle. Le bruit de la forêt avait toujours été apaisant pour elle. La louve y avait vécu toute son enfance et une bonne partie de sa vie, après tout.

Une fois bien vêtue, Ivy se redressa complètement, abandonnant le lapin. Les sens aux aguets, elle sembla rechercher quelque chose pendant un instant avant de commencer à marcher dans une direction bien fixe. Ses pieds nus s’enfonçaient légèrement dans la terre à cause de la pluie qu’il y avait eu ces derniers jours, mais elle ne s’en souciait pas. Son frère l’attendait surement, à Poudlard.

Elle était arrivée tard dans le château, pendant la nuit, la veille. La plupart des gens dormant, elle n’avait pu aller voir son cadet pour lui parler un peu. Cela faisait quelques jours qu’elle ne l’avait pas vu, et le connaissant, elle était sur et certaine qu’il se faisait un sang d’encre. Les Hosts qu’elle avait ramenés la veille avait certainement parlé d’elle, et son frère était certainement en train de rager dans son coin car il ne l’avait pas vu. Ivy eut un sourire à cette pensée. Il avait beau être vraiment mature, il lui fallait très peu pour devenir un vrai bébé.
Arrivant à la lisière de la forêt, Ivy ne put s’empêcher de frissonner. Elle avait toujours un certain sentiment d’insécurité qui la traversait quand elle sortait de son habitat naturel… c’était comme se séparer d’une partie d’elle-même à contre cœur, oubliant une partie de sa vie, laissant tomber sa meute. Pourtant, elle l’avait déjà fait, ça. À des kilomètres de là, sa meute vivait sans elle, sous les ordres de ses parents. Elle aurait dit s’y trouver, prenant la place de son père, mais elle était ici, aidant les êtres magiques.

Regardant quelques instants le château si gigantesque et pourtant si vide ces derniers mois, la louve marcha vers lui, passant par le parc. Dans celui-ci se trouvait quelques hosts qui lui lancèrent des regards intrigués, mais elle ne s’en soucia pas. Ils étaient comme des enfants, pour elle. Des enfants complètement perdu dans un monde en guerre.

Passant les grandes portes de l’ancienne école, Ivy jeta un coup d’œil autour d’elle. Il y avait une différence flagrante la nuit et le jour, ici. Les tableaux, tous réveiller, la saluaient joyeusement. La jeune femme leur adressa un léger signe de tête, allant finalement vers la Grande Salle. À cette heure là, son frère devait certainement être en train de manger.

Quand elle entra dans la grande pièce, elle ne put s’empêcher de grimacer en voyant tous les regards tournés vers elle. Il y avait au moins 200 hosts, si ce n’était plus. Au loin, elle put clairement reconnaitre Harry Potter et ses amis, ainsi que sa famille. Passant une main dans ses cheveux, elle essaya d’ignorer les murmures sur son passage et alla rejoindre son frère cadet. Celui-ci, assis avec des gens qu’elle ne reconnaissait pas, lui lançait un regard noir. Bon, il était certainement en colère car elle n’était pas venue lui parler la veille.
Levant les yeux au ciel; elle s’exclama.

"Oh, ne me regarde pas comme ça, Mathias. Je n’ai absolument rien fait de mal. "

Croisant les bras, elle lui lança un regard dur. Elle n’aimait pas quand on la jugeait, ou qu’on était fâché contre elle.

Son frère avait toujours été un peu gamin avec elle. Si ce côté de sa personnalité l’avait longuement déranger, elle l’appréciait énormément maintenant. Ses plaisanteries d’enfant la calmaient, et elle était certaine qu’il allait parfaitement bien quand il lui faisait l’un de ses crises. Elle aimait Mathias plus que tout, après tout. Ivy ne voulait pas le savoir malade ou en mauvaise posture. Et puis, il était le seul en Angleterre avec elle. Le seul de la meute à qui elle pouvait parler. Le voir ainsi, croissant à la main et abordant un regard bien indifférent lui montrait à quel point il pouvait être enfant, parfois.

Souriant légèrement face à cette vision, Ivy passa une main dans sa longue crinière avant de s’asseoir à côté de lui. Aussitôt, une assiette apparut et elle commença à manger. Autant l’ignorer également. Elle savait pertinemment qu’il allait lui adresser la parole dans moins de cinq minutes. C’était Mathias, après tout. D’ailleurs, elle sentait le regard du plus jeune sur elle. Il allait bientôt se plaindre, c’était sur et certain. Celui-ci, venant de finir son croissant, s’exclama finalement;

" T'es ... T'es ... Trop méchante avec moi ! J'me suis fait un sang d'encre, j'ai pas dormi. Regarde ! - supplice - Regarde mes yeux ! T'es insupportable "

Il fit semblant de pleurer, et Ivy, nourriture à la bouche, du faire son possible pour ne pas s’étouffer. La jeune femme avait toujours été du genre sérieuse, mais son frère était toujours là pour la faire rire un peu. Une fois par bouchée bien avalé, par contre, elle éclata ouvertement de rire, attirant plusieurs regards. La louve avait toujours eu un rire léger et clair, doux aux oreilles. Passant de nouveau une main dans ses cheveux, elle lança un regard tendre à son cadet. Elle l’adorait. Aussitôt, le jeune loup la prit dans ses bras, la serrant contre lui. L’Alpha ferma les yeux quelques secondes, appréciant le contact. Comme elle inspirait la crainte aux autres, elle se trouvait à être rarement touché par eux. Sa famille ainsi que son fiancé avaient été les seuls à le faire, au court de sa vie. Son fiancé maintenant meurt, peu de gens la touchait.

Son frère avait certainement remarqué qu’elle avait les mains glacées, car une fois le contact terminé, il demanda à un elfe de lui apporter un café. Ivy sourit légèrement. Inspirant doucement, la jeune femme adressa un remerciement à l’elfe quand il leur donna le café. Son frère, serviable comme il était, les servit. Pourtant, Ivy n’avait pas envie de réchauffer ses mains avec un café.

"Mathi… réchauffe mes mains, s’il te plait."

Une chose que le jeune homme faisait depuis leur enfance. Ivy avait toujours eu une mauvaise circulation dans les doigts, contrairement à son frère. Ses mains étaient presque en tout temps gelées, si bien qu’elle avait froid à la moindre occasion. Mathias, lui, avait toujours eu les mains bouillantes. Combien de fois s’étaient-ils retrouvé main à main, l’un réchauffant l’autre? Trop souvent, surement. Mais leur relation était devenue si spéciale et unique grâce à cela. Ils s’aimaient, et se comprenaient d’un simple regard. Il fallait peu de chose pour qu’ils se chamaillent, et encore moins de choses pour qu’ils se réconcilient.

Un soupir de soulagement traversa la gorge de la jeune femme quand son frère prit ses mains. Les siennes étaient bouillantes comme à leur habitude. Ils restèrent ainsi pendant un moment, sans vraiment parler, puis quand les mains de Ivy furent assez réchauffer, la jeune femme retourna à son café. Elle laissait rapidement son regard de balader sur les gens qui se trouvaient dans la pièce.

À la table centrale, celle des professeurs, se trouvait Harry Potter et compagnie. Elle les détailla rapidement du regard, s’attarda sur un adolescent aux cheveux bleus. Elle avait l’étrange impression de sortir une familiarité en lui, une familiarité que l’on ressentait seulement entre loups.

Tournant son regard vers son frère, elle lui demanda, le regardant dans les yeux;

"Dis, Mathi… ce gamin, aux cheveux bleus. C’est un loup?"

Prenant un croissant, elle attendit sagement sa réponse.

Alors elle avait raison… ce gamin sentait le loup à plein nez, après tout. Pourtant, ce n’était pas identique aux odeurs habituelles… celle des gens moldus se trouvaient à avoir un petit côté de chien batard…sentant l’humidité et un peu la saleté… les vrais loups, eux, sentaient la nature, la liberté, et surtout, le loup. Mais ce gamin, ce Teddy Lupin comme l’avait nommé son frère, il ne sentait pas tout à fait cela. C’était plus un mélange de lavande, de bois brulé et de loup. L’odeur de la bête était bien dissimuler dans tout cela, pourtant, Ivy pouvait la sentir. Par contre, une autre odeur y était mélangée… rattachée même… Elle fronça un peu des sourcils, essayant d’y mettre un nom, mais en fut incapable. Plutôt surprenant vu sa nature de loup. Elle avait un bon odorat, pourtant.

Remarquant finalement que son petit frère la regardait d’un air amusé, la louve quitta le jeune métamorphage du regard. Elle fronça brièvement des sourcils, posant ainsi une question muette à son frère, mais celui-ci se contenta de lui sourire de nouveau, ne répondant pas. Elle eut envie de le mordre sur le coup, puis se retint. Elle était civilisée en publique, après tout. Ces sorciers n’apprécieraient certainement pas de les voir de mordre, quoi. Ils auraient trouvé cela étrange… surtout avec leur forme humaine. Elle eut un léger sourire à cette pensée.
Son frère Mathias prit la parole à ce moment-là.

" Alors ! Semaine trépidante ? Raconte tout. "

Ivy ne put s’empêcher de lever les yeux au ciel un instant. Elle savait parfaitement que peu importe ce qu’elle lui répondait, il allait trouver quelque chose qui ne faisait pas son affaire et lui faire un peu la morale. La louve connaissait bien son frère. Pourtant, elle avait envie de lui répondre. Il fallait bien avouer- même à contrecœur- que les conseils de son petit frère lui étaient souvent utiles. Il était brillant, après tout.
Passant une main dans ses cheveux, elle jeta un regard presque inquiet aux gens autour d’elle. Elle était agitée depuis qu’elle était entrée dans le château. Les immeubles et la ville n’avaient jamais vraiment été son genre, encore moins son élément. Elle ne s’y sentait jamais à sa place. La louve soupira nerveusement avant de se concentrer sur son frère. Dés l’instant où son regard rencontra le sien, elle sentit son cœur se calmer, puis sa tension diminuer. Elle se sentait mieux, en somme.

Souriant doucement, elle se servit de nouveau du café, voulant réchauffer un peu le fond qu’il lui restait. Ivy prit une petite gorgée, puis se décida à finalement lui répondre;

"Semaine trépidante…c’est tout le temps les grands mots, avec toi, hein? J’ai fait exactement la même chose que la semaine précédente, je t’assure. Les ondes magiques des hosts sont assez faciles à détecter, alors je les suis. J’ai suivi une petite troupe d’host durant la semaine…ça a pris un certain pour les ramener ici par contre, à cause de leur âge… le plus jeune devait avoir 10 ans…c’est terrible… à cause de ces chasseurs, des enfants comme lui sont obligés de fuir, ils ne vivent même pas! C’est… je déteste ça, Mathias. Ce sont des monstres, pour oser leur faire ça…"

Soupirant brusquement, elle passa une main dans ses cheveux, levant les yeux au ciel. Ses yeux étaient légèrement embués et elle essayait de faire disparaitre les futures larmes. Pourtant, Ivy savait parfaitement que son frère les avait vus, ses larmes. Mais elle n’avait pas envie d’en parler, pas envie de se montrer encore plus faible qu’elle ne l’était présentement. En inspirant donc un grand coup, doucement, puis sourit légèrement à son frère, lui demandant;

"Et toi? Tu fais quoi ici, au fait? J’veux dire, pour aider et tout."

Si Mathias avait voulu lui poser une quelconque question, il se trouvait maintenant obligé de lui répondre.

S’il y avait bien une chose qui rendait la louve sensible et fragile, c’était bien la situation dans laquelle se trouvait tout ces hosts. Elle ne pouvait s’empêcher de pleurer quand elle arrivait trop tard à un endroit, et qu’elle ne trouvait que des corps sans vie, des expressions de terreur pétrifiée sur leur visage…elle ne pouvait s’empêcher de s’en vouloir, pour être née sans pouvoir. Pour être qu’une louve, et non une sorcière, car son frère avait des pouvoirs, lui, mais elle n’était qu’une cracmole. Elle se sentait faible, dans ces situations, et surtout, inutile. Nul ne le savait, et elle comptait bien laisser les choses ainsi. Comme toute personne, Ivy avait ses moments de faiblesse, et elle n’était pas obligée d’en parler à quelqu’un.

Sortant de ses pensées, elle se fit attentive aux paroles de son petit frère.

« Tu sais, les plus jeunes sont en général moins choqués que les adultes. Je me demande cependant si, en grandissant, ils ne vont pas développer un traumatisme. Ca me fait peur, Ivy, horriblement peur. Ils ont … 10, 11 ans, pour certains. J’ai même déjà vu un bébé ! Et ils se font tuer … »

Ivy serra les poings. Elle savait à quel point les paroles de son frère étaient vraies. Combien de fois avait-elle vu un host enfant hurlé au meurtre, juste parce qu’on lui touchait la peau? Combien en avait-elle vu, complètement sauvage? À l’instant, elle se remémora cette histoire dont elle avait entendu parler, à propos d’enfant host vivant dans les forêts tropiques comme des aborigènes. Elle espérait sincèrement qu’ils s’en sortiraient mieux que les autres, même si elle avait peur pour eux. Passant une main dans ses cheveux, elle jeta un regard noir à un homme qui osait écouter leur conversation. L’homme détourna rapidement la tête, effrayé.

Poussant de nouveau son regard sur son petit louveteau, elle sentit son cœur se serrer dans sa poitrine en le voyant là, les larmes aux yeux. Ivy avait oublié à quel point il pouvait être encore jeune pour voir toute ces choses, à quel point il était, comme eux, encore un enfant. Il n’avait pas sa place là. Il aurait du être dans les bars en train de draguer les jolies jeunes femmes, et non au milieu de cette guerre.

Voulant réconforter son frère, la jeune femme passa une main dans ses cheveux, essayant de l’apaiser comme quand il était enfant. Mathias ferma les yeux un instant, profitant de la caresse, puis l’observa. Elle sut aussitôt qu’il allait lui demander quelque chose qu’elle n’allait pas particulièrement apprécier. Et elle avait raison. Son cadet lui demanda s’il pouvait venir une fois avec elle sur le terrain, pour sauver les hosts. S’il pouvait assister à tout cela. Incapable de lui répondre, Ivy détourna le regard, pensant à toute vitesse. Elle ignorait si son frère avait assez de force pour affronter les choses qui se passaient à l’extérieur. Ici, il ne voyait que des enfants tourmentés, n’entendait que leur histoire…mais les vivre, c’était complètement différent. Passant une main dans ses cheveux, elle le regarda de nouveau, une triste lueur dans les yeux. Elle n’était pas certaine qu’il allait apprécier sa réponse.

« Tu crois être capable, vraiment? Voir leur corps, sans vie, mutilé? Arrivé plus souvent en retard qu’au bon moment, trouver plus de mort que de vivant? Tu crois vraiment être capable de vivre cela, Mathias? La vie entre ces murs est douce, Mathias, contrairement à celle de l’extérieur. »

La louve ne put s’empêcher de détourner le regard, tout cela pour ne pas voir la lueur déçu au fond des yeux de son frère. Elle savait parfaitement qu’il s’attendait à une autre réponse de sa part. Qu’il voulait une autre réponse de sa part. Croisant de nouveau le regard de l’homme qui la dévisageait, elle fronça des sourcils, essayant de le faire détourner le regard de nouveau, mais celui-ci ne sembla pas s’en rendre compte, car il lui adressa la parole.

"Vous êtes la soeur de Mathias? Il avait oublié de mentionné que vous étiez si belle.

Haussant d’un sourcil, Ivy lui répondit rien, détournant la tête en direction de son frère. Celui-ci, un peu choqué, cria le nom de l’homme, soit Alphonse, et elle ne put s’empêcher d’être amusé.