La mort peut bien attendre. | PV Fred ♥

Le motel Butterfly était un de ces endroits qui débordait de prostituée, d’ivrogne et de maris infidèles. Adams y avait vécu quelques mois avec sa mère, quand ils avaient quitté l’Angleterre à sa naissance. L’endroit se trouvait à avoir son propre bar à l’entrée, et Adams n’avait pas pensé à un autre endroit pour travailler, se faire discret. Le propriétaire, un homme bedonnant et un peu chauve, l’avait regardé de la tête aux pieds quand il était venu faire application comme barmaid. Si l’homme avait tout d’abord lui proposé le métier d’accompagner pour dames, il avait vite changé d’avis et lui avait proposé d’être homme à tout faire. Adams avait accepté. Certains jours, il s’occupait de la cuisine, d’autres du bar, et ceux qu’il détestait le plus, il s’occupait du ménage dans les chambres. Adams était toujours dégouté par les conneries qu’il pouvait bien trouver dans celle-ci. De jouets sexuels à de la merde sur les murs, Adams avait tout vu.

Cette journée là, il devait passer une bonne partie de la soirée au bar, et le reste à faire du ménage dans les chambres. Adams n’avait jamais été un grand buveur d’alcool. Il avait si souvent vu Rafael saoul, aux pieds du mur, pleurant comme un gamin à propos de voix et de cauchemars… il n’avait jamais osé toucher l’alcool, après l’avoir vu tant de fois ainsi. Alors il se contentait de créer les mélanges, et de modérer la consommation des autres. Assise au bar, une vieille dame essayait de lui faire la cours, lui proposant des choses plus dégoutantes les unes que les autres.

'' Grand et fort comme tu es, tu dois être capable de faire plein de chose…''

Elle lâcha un rire quelque peu vulgaire, et Adams se força pour lui sourire avant de fuir de l’autre côté du bar. Assis tout prêt de là, un gamin pouffa de rire, ayant surement tout entendu. Le métis lui lança un regard noir. Ce gamin, il avait déjà vu son visage quand il était plus petit. C’était Frederick Weasley, le deuxième. Selon ce qu’il se souvenait à propos de lui, le pauvre s’était enfui de chez lui et s’était suicider. Quelque chose lui disait que le suicide allait se produire prochainement, au vu de l’apparence de Fred. Détournant le regard, Adams décida de ne pas s’en préoccuper. Après tout, il devait s’occuper d’autres morts. De choses plus importantes.

*

Finissant de changer les serviettes dans la chambre de la dame du bar, Adams s’empressa de quitter la pièce. La femme, couchée sur son lit en jaquette, lui lança un regard qui en disait long et Adams eut envie de vomir. Bordel qu’il y avait des gens dégoutants. Passant pour la énième fois une main dans ses cheveux, il finit par les attacher. Il changea par la suite ses gants, juste au cas – la vieille lui faisait un peu peur, en fait – et se dirigea vers la prochaine chambre. Comme à son habitude, il cogna quelques coups avant d’entrer, puis, n’ayant pas de répondre, il sortit de sa poche sa clé passe-partout et pénétra dans la pièce.

La première chose qu’il vu fut une chaise, et une corde. Okay, ça, il n’avait jamais vu. La main toujours sur la pognée de porte, il détailla la pièce du regard. La chasse de la toilette se fit entendre au même moment, et un jeune homme en sortit. Frederick, deuxième du nom. Le pauvre avait un air maladif sur le visage, et sembla plus bas que terre. Quand il le vit, il se figea complètement. Adams haussa d’un sourcil un instant, puis comme si rien n’était, il commença à faire le nettoyage de la chambre.

Il décida de parler au bout d’un moment.

'' Je ne savais pas que les suicidaires allaient aux toilettes avant de passer à l’action. Enfin, c’est une bonne chose. Après tout, à la mort, le corps humain se vide de tous les déchets qui ne sont pas encore sorti. J’ai même entendu dire qu’un corps peut lâcher des gaz pendant des heures. Dégoutant, non? ''

Le pauvre, il semblait quelque peu traumatisé par ses paroles. Adams lui adressa un léger sourire, et ajouta ;

'' Je finis de nettoyer la chambre, et après vous pourrez continuer. Ou plutôt en terminer. ''

Un milliers d’idées lui avaient traversé l’esprit pour en finir avec la vie. Les veines ouvertes dans la baignoire. Un pétard Feuxfous dans la bouche. Une balle dans la tête. Des pillules, pleins de pillules. Se faire écraser par le Poudlard express. Il l’avait longtemps mit en top liste. C’était comme si son corps, en mourant ainsi, était à jamais emporté par le train qui le menait au château, l’un des rares endroits où il s’était senti lui-même. Mais bon, ici, il n’y avait pas de train de ce genre. Et depuis quelques jours, il avait l’esprit tellement sombre que le plus simple serait le mieux. L’envie de mourir de façon originale n’était plus à l’ordre du jour.

Alors il acheta une corde, au magasin de bricolage du bled paumé où il se trouvait. Comment il avait atterri là ? Il se le demande encore. Une semaine environ, qu’il avait débarqué de son Angleterre natale pour venir chez les américains. Le premier jour, il avait pensé en profiter un peu avant… la fin. C’était pas comme si le temps pressait après tout. Il irait jusqu’au bout, il en était sûr. Mais on n’était pas à deux jours près.

Sauf qu’il n’avait le goût pour rien. Alors le plus souvent, il traînait au motel. Franchement, cet endroit était vraiment craignos et sale. Il n’avait même pas osé nager dans la piscine, il flottait trop de trucs louches. Il y avait même un rat mort dedans. Il avait essayé de l’attraper pour faire une blague au gérant, mais il avait laissé tomber. Il passait toutes ses soirées au bar, à boire, écouter la musique, boire, tenter de draguer, boire. Ce soir c’était un asiatique qui faisait et servait les boissons. Pour une fois, sa bière était fraîche. A côté de lui il y avait sa voisine de chambre. Une horrible vieille femme, qui ne pensait qu’au sexe. Il avait bien rit lorsque la cougar avait fait du pied au serveur. Mais bon, pas commode Bruce Lee. Alors il était reparti dans sa chambre, sachant que c’était la dernière bière qu’il buvait et la dernière fois qu’il verrait une scène de ce genre.

***

Voilà, c’était maintenant. Fred prit le papier ‘ne pas déranger’ et l’accrocha à la poignée à l’extérieur. Il était calme, étrangement. Il prit la chaise du bureau, la déplaça. Il sifflotait un air, qu’il avait entendu au bar. Après une minute, satisfait, il prit la corde de son sac, et tira un peu dessus pour la millième fois.

" Elle ne craquera pas. Hein tu craqueras pas ? Non, elle va tenir, c’est une corde, une vraie. "

Il regarda par la fenêtre en entendant une voiture démarrer. Pourquoi est-ce qu’il devenait nerveux tout à coup ? Il regarda la chaise et la trouva trop abîmée. Et si elle ne résistait pas à son poids une fois dessus ? Il s’essuya le front d’un revers de main. Il transpirait à grosse goutte. Il fut alors prit d’une soudaine envie d’aller aux toilettes. C’était plutôt con, mais il n’y pouvait rien. Il s’y enferma quelques minutes, tentant de se concentrer et d’oublier ce qu’il allait faire ensuite. Il avait du mal à comprendre son état, après y avoir tant pensé. Lorsqu’il sortit, il avait d’abord les yeux rivés sur la corde, qu’il était déterminé à passer comme prévu autour de son cou. Sauf que…

'' Je ne savais pas que les suicidaires allaient aux toilettes avant de passer à l’action. Enfin, c’est une bonne chose. Après tout, à la mort, le corps humain se vide de tous les déchets qui ne sont pas encore sorti. J’ai même entendu dire qu’un corps peut lâcher des gaz pendant des heures. Dégoutant, non? ''

Fred, figé, devait afficher une expression à la fois surprise et dégoûté de l’apprendre. Comment ce gars pouvait même sourire après avoir dit ça ?

'' Je finis de nettoyer la chambre, et après vous pourrez continuer. Ou plutôt en terminer. ''

Fred le dévisagea. Il le reconnaissait, c’était le type du bar, l’asiatique.

" Ok cendrillon, pose tes plumeaux deux minutes. T’as pas vu le papier à la porte là ? (il ouvrit la porte de la chambre et constata qu’il n’était plus à la poignée.) Bon. Motel de merde. "

Le garçon la referma, essaya de prendre un air décontracté. Mais vu l’expression de l’autre, ça devait pas fonctionner. Il regarda la chaise puis la corde. Puis l’autre. Il haussa finalement les épaules, et alla jusqu’à la corde.

" D’accord, tu veux jouer à Mr Propre, eh bien, c’est pas ça qui va m’arrêter. Je vais aller jusqu’au bout, t’entends ? C’est pas dans mes habitudes de laisser tomber. "

Il se remit à siffloter, accrocha la corde comme il l’avait prévu, ignorant l’autre. Il en oubliait même ses angoisses maintenant. Tout ce qu’il voulait, c’était prouver qu’il ferait ce qu’il disait. Il n’avait pas prévu d’avoir un spectateur, mais bon. Il monta enfin sur la chaise. Il arrêta de siffloter. Il prit la corde d’une main, s’aida de l’autre pour la passer autour du cou, après avoir fait un nœud coulant parfait. Il s’était beaucoup entraîné. Il se mit au bord de la chaise, la pointe de ses chaussures dépassait. Les yeux grands ouverts, il eut une pensée pour son père, qu’il rendrait sûrement encore plus malheureux par ce geste. Mais il n’y était pas étranger, la faute pesait aussi sur ses épaules. Il leva un pied, et poussa la chaise de l’autre.

On lui avait souvent dit que Frederick Weasley était pire qu’une femme quand il se mettait à parler. Heureusement, Adams était habitué à ce genre de personne, à cause de Morgan. Un rictus presque inexistant sur les lèvres, il l’écoutait dire un peu n’importe quoi. En fait, il était plus pris dans ses pensées d’autre chose. Une idée était en train de germer dans sa tête. Il avait décidé de faire ce voyage dans le temps pour changer les choses…et selon l’histoire, Fred II était mort pendu dans un motel. Ce motel. Mais le fait qu’il soit là changeait les choses…alors autant les changer complètement. Levant les yeux vers le plus jeune, il l’observa faire le nœud coulant, et passer la corde autour de son cou. Il ne restait que quelque seconde à Adams pour prendre sa décision. Pour savoir si oui ou non, il voulait faire un tel geste… il ne savait pas ce que serait les répercutions… mais peu importe.

Au même moment où Frederick fut tombé la chaise, Cendrillon fit disparaitre la corde. Ignorant les jurons du plus petit, Adams ramassa la chaise pour la remettre à sa place, et continua de faire le ménage. Le suicidaire ne semblait pas se rendre compte qu’il était un sorcier, vu la façon dont il cherchait sa corde.

Quelques minutes plus tard Adams prit la parole. Il avait fini le ménage.

" Je sais c’que c’est. Porter le nom d’un mort. "

Ses paroles eurent pour effet de stopper les gestes agités de Fred. Mettant les poubelles dans sa grosse poubelle sur roue, il continua.

" Leur dire que c’est juste un nom, ça sert à rien. Faut y croire, Frederick. Croire, ça change tout. "

Adams porta son regard sur le suicidaire un instant. Assis sur le lit, il avait le regard vague. Adams ne sut pas s’il était sur le point de pleurer ou s’il était encore sur le choc, face à son geste. Enfin, il s’en fichait un peu. Tout ce qu’il voulait, c’était faire un geste qui changeait les choses. Peut-être que le gosse allait se suicider une autre journée, il ne savait pas. Mais minuit était passé, donc les choses avaient changé. Retirant ses gants pour les mettre à la poubelle, il retourna son regard un dernier instant vers lui, disant ;

" Un nom. Un prénom. C’est juste des mots…des lettres tout ça. C’est ce qu’il y a en dedans de toi qui fait la différence. "

Et il quitta la pièce.

*

Pour une des rares fois depuis qu’il travaillait là, Adams eut droit à deux jours de congé collé. Il en avait profité pour s’occuper de la tueuse, qui était maintenant sous contrat avec lui. Il n’avait pas dormi de la nuit pour penser à tout les détails importants, et ce fut donc épuisé qu’il alla travailler ce soir là. Heureusement pour lui, il devait seulement s’occuper de placer les gens au petit restaurant qui s’annexait au motel. Les gens n’y venaient pas souvent à cause de la mauvaise réputation du motel, alors Adams pouvait en profiter pour s’asseoir dans un coin et se reposer.

Malheureusement pour lui, quelqu’un en avait décidé autrement. Frederick en avait décidé autrement. Somnolant dans son coin sombre, Adams se réveilla d’un coup en entendant quelqu’un tirer la porte du restaurant. Le plus discrètement possible, il se leva pour aller accueillir le nouveau venu.

Il haussa d’un sourcil en reconnaissant Frederick.

" Toujours en vie? Et bien… bonne nouvelle. "

Non ! La corde ! C’était pas possible. Fred s’écroula sur le sol, jurant en comprenant que ça avait foiré. Il s’était cogné contre la chaise avec la hanche, il jura une seconde fois. Il regarda autour de lui pour trouver la coupable de son malheur, c'est-à-dire la corde. Il regarda Mr Propre en constatant que, étonnamment, elle avait disparue. Qui était-il au juste ? Un garçon venait de faire une tentative de suicide devant lui, et qu’est-ce qu’il faisait ? Le ménage. Il y avait des gens qui avaient une drôle de façon de gérer les trucs qui leur arrivait. Faudrait qu’il essaye tiens. En attendant, il fallait trouver la corde. Parce que, réfléchissez deux minutes. Mr Propre, un sorcier ? L’homme à tout faire du motel le plus pourrie de la terre ? La bonne blague. D’accord ce n’était pas normal que la corde ne soit plus là, mais il supposait plutôt que c’était sa magie à lui qui en était responsable. Fred disparut sous le lit, certain qu’elle s’y cachait. S’il était une corde, ce serait une planque idéale, non ?

" Je sais c’que c’est. Porter le nom d’un mort. "

Frederick s’interrompit, le souffle coupé. On aurait dit que l’asiatique lui avait lancé un avada tellement son corps était figé. Comment pouvait-il savoir?? Il trouva finalement la force de s’asseoir sur le lit, la mine dépitée. Il n’y arriverait pas aujourd’hui. Et en plus, il y avait Mr Propre qui pouvait entrer dans sa tête.

" Leur dire que c’est juste un nom, ça sert à rien. Faut y croire, Frederick. Croire, ça change tout. "

Il se prit la tête dans les mains, il voulait qu’il se la ferme ce con. Il connaissait son prénom??? Il avait dû regarder le registre. Merde, il avait tout essayé ! S’il en était là, c’était bien parce que rien n’avait fonctionné. Ta gueule. Il voulait le dire mais sa voix était morte, là dans sa gorge.

" Un nom. Un prénom. C’est juste des mots…des lettres tout ça. C’est ce qu’il y a en dedans de toi qui fait la différence. "

Il le regarda, mais il ne put voir que son dos et ses poubelles. Puis finalement, il se retrouva tout seul à nouveau. Il se laissa tomber sur le lit, les bras en croix, expirant tout l’air qu’il avait dans ses poumons. Mais-qui-était-ce-putain-de-Mr-Propre???? Il rit. Quelques secondes. Puis il fondit en larmes, sans pouvoir s’empêcher. Il frappa dans les oreillers, en plaqua un sur sa bouche. Il hurla des minutes entières dedans, hésitant entre arrêter de respirer et sortir pour prendre l’air, pour prendre conscience qu’il était toujours en vie.

Il choisit de sortir.

***

Il poussa la porte du restaurant. Dire qu’il allait manger un truc du motel. Berk. Il fit un rapide tour de la salle, et n’y vit que deux personnes. Les vieux de la chambre 8. Il fit un pas, et sursauta en entendant parler…

" Toujours en vie? Et bien… bonne nouvelle. "

Il haussa les sourcils avant de répliquer.

" Toujours au motel hein ? Ta vie à toi, elle doit être passionnante, avoue. "

N’empêche, il était content de voir Mr Propre. Enfin ce soir, c’était Black Butler. Il sourit en imaginant sa tête à la place du personnage de manga, et il se laissa guider jusqu’à sa table. Il ne savait pas trop s’il avait vexé l’autre. Il espérait que non, il avait encore envie de lui parler. Parce que depuis qu’il avait comprit que non, cet homme n’était pas tout droit sorti de son imagination, il s’était mit en tête de savoir qui il était. Et puis, il n’avait rien d’autre à faire, maintenant que mourir, il n’avait plus envie. Pour l’instant du moins.

Il commanda le premier hamburger de la carte et attendit. L’asiatique était retourné à sa place prêt de la porte. Il tournait la tête quand il sentait son regard sur lui. A force, c’était comique, chacun tournait la tête quand l’autre regardait, et Fred ne tarda pas à laisser échapper un rire. Les vieux se tournèrent vers lui comme s’il avait commit un crime grave. Il les salua gaiement de la main, leur demandant comment allaient leurs articulations aujourd’hui. N’obtenant qu’un froncement de moustache et des grommellements, il se contenta donc de manger son hamburger et ses frites, qui baignaient tellement dans l’huile, qu’on pouvait s’imaginer se noyer dans un bain de gras.

" Hé cendrillon ! "

Il vit l’interpellé ouvrir un œil. Il lui désigna le hamburger et rajouta :

" Tu savais qu’un américain sur trois était obèse à cause de cette merde ? (il prit une frite dégoulinante d’huile et l’agita vers lui) Dégoûtant non ? "

Il lui fit un clin d’œil appuyé, sourire aux lèvres. Il se leva, dans l’idée de le rejoindre et d’essayer de discuter avec lui, lorsque la porte du restaurant s’ouvrit. Un homme et une femme entrèrent, les yeux posés sur Frederick. Il les dévisagea, ils firent la même chose. La seconde d’après, toutes les lumières s’éteignirent et une détonation retentit, illuminant brièvement d’un flash blanc le visage de Mr Propre aka Cendrillon aka Black Butler.

C’était mentir de dire qu’il n’était pas heureux de le savoir en vie. Le gamin débordait de joie comme jamais, et Adams sourit un peu plus qu’habituellement. En fait, il l’intriguait. Il n’était âgé que de 11 ans quand Fred avait mis fin à ses jours, et son père n’avait jamais été un fan des Weasley, donc il ne l’avait jamais vu. Il ne l’avait vu que de loin, ou encore dans les journaux. Frederick ne sembla pas s’attendre à le croiser, vu la tête qu’il faisait. Pourtant, il ne fallut qu’une seconde pour qu’il lui balance une réplique complètement stupide, et Adams en fut bien heureux, étrange. Au moins, il allait mieux. Le conduisant à sa place sans un mot, presque de marbre, il retourna par la suite à sa chaise, les jambes faibles. Le coréen avait beau être fort, il n’avait pas dormi depuis 48h et sa magie était presque à plat.

Les yeux de nouveaux fermés, il essaya de se reposer. Pourtant, Adams ne cessait de sentir une brulure sur son visage, et dés qu’il ouvrait les yeux, Fred détournait le regard, rigolant comme un môme. D’ordinaire, il aurait été énervé par un tel comportement… mais le savoir si en vie, par son simple geste…c’était quelque chose de rare, de précieux. Alors il se contentait de continuer, de jouer le jeu…Et le gamin continuait de rire. Il se mit même à rire des personnes qui se trouvaient dans la pièce avec lui, et Adams du se retenir pour ne pas rire. Son sarcasme ressemblait légèrement à celui de Jordan, en moins vulgaire et agressif.

" Hé Cendrillon! "

Sceptique, Adams fit comme si rien n’était. Il n’ouvrit qu’un seul œil pour le dévisager. Grand sourire d’idiot aux lèvres, l’ancien suicidaire continua;

" Tu savais qu’un américain sur trois était obèse à cause de cette merde ? (il prit une frite dégoulinante d’huile et l’agita vers lui) Dégoûtant non ? "

Adams grimaça légèrement. Il détestait la mal bouffe, en tête. Suite à sa transformation, sa mère s’était voué une passion pour la cuisine, malgré le fait qu’elle ne pouvait plus rien gouter. Son petit Thomas était devenu son gouteur personnel. Depuis, il avait quelque peu des gouts de luxe. Heureusement, il avait hérité du talent de sa tendre mère en cuisine.

Frederick se leva de sa table, le coupant dans ses pensées. Fronçant des sourcils, Adams le regarda se rapprocher de lui, les sens en alerte. L’ancien suicidaire n’était qu’à un pas de l’entrée quand la porte s’ouvrit, faisant place à des agents de la Lincoln. Il ne fallut qu’un instant pour qu’Adams les reconnaisse. Cheveux bien peigné, l’air d’avoir un bâton dans le cul et le regard noir…il ne pouvait en être autrefois. Aussitôt, il lui sembla que son énergie était devenue au grand complet, quoique même plus forte. D’un mouvement brusque de la main, il fit sauter les lumières du restaurant, les plongeant dans le noir. L’un des agents de la Lincoln tira, et Adams put sentir l’air siffler tout près de son oreille droit. La seringue s’éclata contre le mur, éclairant d’une étrange lueur la pièce. Adams put y voir, un instant, le visage défait de Frederick.

S’agenouillant au sol, il fouilla dans sa botte haute à vive allure, cherchant son couteau de secours. Un instant plus tard, il bondit sur ses pieds, tranchant un des ligaments derrière le genou de l’homme. Un cri perça le silence d’effroi qui s’était installé. Dans la chute de l’homme, il lui trancha la gorge. C’était lui, ou eux. Il semblait que c’était l’homme qui tenait l’arme, car celui-ci tomba au sol au même moment, et Adams s’empressa de jeter les seringues au loin. Le fracas fit un nouvel éclat de lumière, et se rendant compte de ce qui se passait, la femme lâcha un cri de frustration. Le coréen put voir la lame d’un couteau luire, et la femme se diriger vers Frederick.

Son élan ne fut pas assez grand pour la stopper complètement. Adams ne put que lui agripper les jambes, la faisant tomber au sol. Tendant la lame fermement dans sa main, la femme fit tout de même un blessé. Elle traversa la chaussure de Frederick jusqu’au sol, le blessant au pied. Sans attendre une seconde, Adams planta son couteau en pleine cœur et alla voir la blessure.

La lame était bien enfoncée. Adams essaya de la retirer, mais un couinement provenant de Frederick le stoppa dans son geste. Grognant de frustration, Adams fut apparaitre une petite boule de lueur, histoire de mieux voir. Il fit abstraction de la mine étonnée de l’ancien suicidaire, et pensant à toute vitesse, il lança un regard aux vieillards, leur faisant oublier ce qui s’était produit dans les derniers instants, puis il finit par prendre le blessé dans ses bras, ignorant ses protestations. Un instant à peine passa, et ils disparurent dans un éclat de lumière étrange.

Détectant un mouvement dans l’appartement, les lumières s’allumèrent en une seconde. Déposant son blessé à même le sol de la salle de bain, Adams commença alors à fouiller dans les tiroirs, à la recherche de quelque chose qui pourrait au moins couper la chaussure, pour mieux voir la blessure.

" Oh non, tu ne mourras pas pour une chose aussi stupide. Tu perdras peut-être ton pied, mais tu vas rester en vie, sale pipelette. "

Trouvant une grande paire de ciseau, il retourna auprès de lui pour découper la chaussure. Frederick protesta, mais il s'en fichait complètement. La chaussette - qui puait atrocement - suivit de près, et put enfin lâcher un soupir de soulagement. Okay, le couteau se trouvait toujours là, mais il lui semblait, à l'oeil, qu'aucun os, ligament ou nerf n'avait été touché. Il allait un peu boiter, mais c'était limite.

Il n’arrivait pas y croire. Il avait voulu mourir il y a deux jours, pendu dans une chambre de motel. Et qui voilà ? Des agents de la Lincoln, ou du moins, des cons qui pensaient que la magie était une atrocité et qui maintenant voulait le tuer lui. Alors qu’il ne voulait plus mourir. La vie était franchement mal faite, non ? Frederick ne comprit rien à ce qui se passa, à la lueur du sérum brisé sur le sol, on ne distinguait que des ombres furtives, et on entendait surtout des petits cris, des coups sourds, jusqu’à ce bruit et ce giclement de sang. Il vit alors la femme, les traits déformés par la fureur, se jeter sur lui. Il fit un mouvement réflexe pour l’arrêter, elle tomba, il pensa à s’enfuir, il hurla. Une vive douleur venait de lui traverser le pied gauche.

Il se laissa tomber par terre, se prit la jambe, ne trouvant rien de mieux à faire que d’exprimer sa douleur à coup de petits jurons et de cris. L’asiatique vint près de lui, l’air inquiet.

" Mais t’es qui putain ? Aaaargh !! Ne touche pas à ce truc !! "

Lorsque Cendrillon fit apparaître une boule de lumière, il le regarda comme s’il ne pouvait y croire. Lui, un sorcier ?? Il en avait d’autre des surprises du genre ? Il le vit regarder les vieux, Fred se demanda s’ils n’avaient pas fait un arrêt cardiaque devant tout ce cirque. Il le prit finalement dans les bras, ce qu’il trouva plutôt insultant, quoique pas désagréable en soi. Il se débattit un peu, tenta de lui faire comprendre qu’il n’avait pas cinq ans. Puis ils disparurent.

Frederick était de plus en plus vaseux. Haletant, il fit à peine attention où le jeune homme l’avait amené. Ca ne ressemblait pas à une chambre du motel en tout cas. Il sentit sous ses mains un carrelage froid, celui d’une salle de bain. Il vit alors des petits points noirs, il sentit qu’il allait s’évanouir dans pas long.

" Oh non, tu ne mourras pas pour une chose aussi stupide. Tu perdras peut-être ton pied, mais tu vas rester en vie, sale pipelette. "

Il sursauta et protesta, les yeux à moitié fermés :

" Si tu me coupes le pied je vais… je vais… je sais pas encore, mais ce sera douloureux pour toi, je te préviens… AAAAAH MEEERDE FAIS GAFFE !!! "

Il s’en fichait de crier comme une femme devant lui, il avait mal, il le lui faisait comprendre. Il tentait de temps en temps de lui enlever les mains de son pied, mais l’autre le chassait comme une mouche un peu trop collante. Il capitula lorsque la blessure fut visible, et qu’il pâlit tellement que l’autre lui donna une baffe pour qu’il reste avec lui. Il crut l’entendre dire que ça irait, que ce n’était pas aussi grave que ça. Il rit un peu, pleura aussi, prenant peu à peu conscience de ce qui venait d’arriver. Mais lorsque la main de son sauveur se posa sur le manche du couteau, réalisant ce qu’il allait faire, il lui saisit vivement le poignet d’une force insoupçonné, les yeux grands ouverts par la peur.

" Je ne veux pas mourir t’entends ? C’est de ta faute, si tu m’avais pas dis toutes ces choses…Je ne sais pas qui t’es, mais je veux savoir ! Je ne veux pas mourir avant de savoir qui t’es cendrillon…S’il… s’il te plaît, j’ai peur, me… laisse...pas…mourir. "

Il avait sentit la main de l’autre se poser sur son front, il avait sentit une douce chaleur qui chassa sa peur et ses douleurs. Puis sa voix, lui murmurer ‘Adams’. La seconde d’après, il tomba dans l’inconscience.

***

Fred s’éveilla lentement, une main devant le visage, pour se cacher de la lumière du jour. Il bailla plusieurs fois avant d’ouvrir complètement les yeux et de se redresser vivement au fur et à mesure que les informations atteignaient son cerveau. Une douleur lui traversa la jambe gauche, il cria. Il vérifia tout de suite qu’il avait toujours son pied. Ouf. Il s’attendit à voir surgir l’asiatique, mais l’instant d’après, il n’entendit que le bruit d’une…douche. Il eut alors tout le loisir de fouiner dans le loft du jeune homme, même s’il boitait et qu’il devait s’empêcher de crier dès qu’il posait le pied blessé au sol. Il se vit obliger de marcher à cloche pied, guettant toujours le bruit de l’eau.

Il fut tout de suite attiré par les chiffres sur le mur à sa droite. C’était plutôt troublant, cette… horloge ? Il siffla, admiratif devant ce qu’il jugea comme un mécanisme complexe. Sans parler des photos. Lorsqu’il réalisa qu’il en connaissait certains, il se recula comme brûlé, jurant aussi parce qu’il avait marché sur son mauvais pied. Le bureau, presque aussi long que le mur, était rempli de dossiers et de feuilles volantes en tout genre.

Il était intrigué, mais il voulait aussi prendre une douche, il sentait mauvais, son t-shirt lui collait au corps. Il rit en voyant la dites douche. Fallait pas être pudique pour vivre là dis donc. Il s’interrompit en voyant le jeune homme. Mince, il n’aurait pas pensé qu’il était aussi… musclé. Lorsqu’il réalisa qu’il était en train de le mater, la bouche ouverte, il vit enfin l’autre le regarder, un air indéchiffrable sur le visage.

" Oh. Adams. Salut. Je… J’ai toujours mon pied ! C’est cool. Merci. "

Il n’était pas mentir de dire que le Weasley devenait de plus en plus insupportable. Il ne cessait de vouloir stopper ses gestes, et Adams lui lançait des regards noirs, lui claquait les doigts. Un instant, le pauvre gosse manqua de perdre connaissance, et malgré le fait qu’il aurait pu avoir la paix, Adams préféra le garder conscient. Il lui donna un bon coup en pleine figure. Captant une seconde le regard affolé et flou de l’autre, il hésita un instant avant d’empoigner le manche du couteau. Frederick réagit alors vivement, lui empoignant le bras. Adams aurait pu avoir mal, s’il n’avait pas vécu les souffrances qui peuplaient sa vie. Tournant lentement son regard vers lui, il le fixa, calme. Il y avait bien plus que de la peur dans le regard du blessé. Adams pouvait y lire toute sorte de chose, et il sentit, une brève seconde, son cœur s’affoler. La sensation fut rapidement mise de côté.

" Je ne veux pas mourir t’entends ? C’est de ta faute, si tu m’avais pas dis toutes ces choses…Je ne sais pas qui t’es, mais je veux savoir ! Je ne veux pas mourir avant de savoir qui t’es cendrillon…S’il… s’il te plaît, j’ai peur, me… laisse...pas…mourir. "

Étrangement, un élan de compassion le prit. Il ne s’était pas rendu compte que son geste envers son suicide change tant de chose. D’une certaine manière, le destin avait décidé qu’il était en quelque sorte responsable de lui. Mais l’autre n’était encore qu’un adolescent…qu’un enfant…et Adams avait des choses bien trop dangereuses à accomplir. Il en avait d’ailleurs eu la preuve aujourd’hui. Posant une main sur le front du peureux, il lui fallut un simple instant pour le calmer de toutes peurs, et tenant toujours fermement la lame, il lui murmura son nom.

Frederick tomba dans les pommes, et il en profita pour retirer la lame et soigner la plaie.

Le déposant par la suite sur son lit, il transplana de nouveau au petit restaurant qui annexait le motel. L’endroit était dans un état épouvantable, et on pouvait clairement sentir l’odeur du sang. Heureusement, Adams avait jeté un sort d’illusion sur les lieux, empêchant toute personne d’y pénétrer. Sa magie était presque complètement à plat, Adams se mit donc à faire le ménage à l’ancienne. Il en profita pour penser un peu.

Maintenant, il avait un blessé sur les bras. L’ancien suicidaire ne pourrait pas marcher seul pendant quelque jour, et au vu des tueurs qu’ils avaient croisés, Fred n’était pas en sécurité. Il n’avait donc pas le choix de faire un peu de babysitting dans les jours à venir. Par contre, il allait devoir cacher plusieurs trucs, et il n’aurait pas tout son temps pour accomplir son plan… Adams allait devoir être vigilant. Soupirant d’agacement, il fit disparaitre le reste des dégâts d’un sort et retourna chez lui. Il avait besoin d’une bonne douche.

Cela faisait environ cinq minutes qu’il se détendait sous l’eau chaude quand il entendit un cri. Rigolant légèrement car il était seul, Adams secoua la tête de gauche à droite. Quelques minutes plus tard, alors qu’il venait tout juste de fermer l’eau, il entendit un petit rire…tout près. Se retournant lentement, il aperçut son invité indésiré… qui le reloquait sans gêne. Bon, un autre problème.

Sortant de la douche comme si rien n’était, Adams alla se chercher une serviette qu’il enroula autour de sa taille. Entre temps, Frederick avait pris la parole. Dos à lui, il se permit un léger sourire quand il prononça son prénom… Il n’y avait que sa mère qui l’appelait ainsi quand ils étaient seuls. Il lui était étranges de ne pas se faire appeler Thomas… mais les choses avaient changé, et lui aussi.

" Évidemment que tu as toujours ton stupide pied. Le chien de la voisine n’en voulait même pas. "

Baissant les yeux vers sa blessure, Adams fit claquer sa langue dans son palais. Le bandage était déjà rouge de sang.

" Va prendre une douche, et retire le bandage. Nettoie bien la plaie, même si ça fait mal. Après je viendrais refaire ton bandage. Tu vas rester ici quelque temps, j’en ai bien peur. "

Passant une main dans ses cheveux humides, il quitta la salle de bain pour la pièce principale. Du premier regard, il capta les choses qui avaient bougé. Son invité ne s’était pas gêné pour fouiller. Ramassant les quelques papiers importants qui trainaient – surtout ceux parlant de son époque – il les rangea dans un classeur dont il détenait la clé autour de son cou.

Une dizaine de minute plus tard, il entendit Frederick l’appeler de la salle de bain. Attrapant bandage et vêtement propre, il alla le rejoindre. L’autre était rouge comme une tomate, seulement vêtu d’une simple serviette. Adams leva les yeux au ciel avant de s’appliquer à lui bander le pied. Pipelette comme il était, l’autre se mit à lui parler de n’importe quoi. Il fit mine de ne pas comprendre, mais une main dans ses cheveux le déconcentra bien rapidement.
Sceptique, il haussa d’un sourcil, le dévisageant.

" Quoi? "

Il rit à la réplique du jeune homme. Alors comme ça il avait une voisine ? Il faudra qu’il aille voir à quoi elle ressemble, peut-être qu’il avait ses chances. Quand il se rendit compte qu’il avait de nouveau envie de draguer, il se dit qu’il allait beaucoup mieux.

" Va prendre une douche, et retire le bandage. Nettoie bien la plaie, même si ça fait mal. Après je viendrais refaire ton bandage. Tu vas rester ici quelque temps, j’en ai bien peur. "

" Aaaah, Bruce Lee est aussi infirmière ! "

L’autre le laissa dans la salle de bain, et Fred se précipita sous la douche, envoyant ses vêtements sales un peu partout sur le carrelage. Il serrait les dents lorsque l’eau ruisselait sur sa blessure, même s’il essayait de maintenir son pied hors de portée, lui donnant une position ridicule. Il pensait à ce que Adams avait dit. Rester là quelques jours ? Oui, il semblait ne pas trop avoir le choix, à cause de la Lincoln et de son pied. De toute manière, il n’avait nulle part où aller. Il était hors de question qu’il retourne chez les roux. Et Cendrillon n’avait pas encore révélé tous ses secrets. Le pauvre, il n’avait sûrement pas imaginé qu’il l’aurait sur le dos maintenant qu’il avait dit toutes ces choses pour l’empêcher de se suicider.

" Infirmièèèèèère ! "

Il avait fouillé dans un tiroir pour trouver une serviette, qu’il eut le temps d’accrocher autour de la taille avant qu’il n’arrive. Tout de même, il était mal à l’aise, il n’avait clairement pas les muscles de l’asiatique, et il détestait sa peau pâle. Alors évidemment, il rougit. Adams eut la gentillesse de ne pas le faire remarquer, il s’employa plutôt à lui bander le pied, ignorant ses petits cris lorsqu’il serrait un peu fort.

" Franchement, tu pourrais être plus délicat avec tes patients aaaaah (il se mordit le poing et ferma les yeux, tentant d’ignorer les signaux de douleurs que son putain de pied lui envoyait). Chympa l’appart’ o fait ! "

Il enleva son poing de sa bouche, et continua de parler, malgré l’indifférence affichée de son soigneur, qui s’appliquait à lui faire son bandage. Il devait être du genre à ne pas pouvoir faire plusieurs choses en même temps. Ou alors, pas bavard. Mais il était difficile de l’égaler.

" J’ai dû mal à croire que ta paye au motel te permette d’en avoir un comme ça ! A moins que tu couches avec le gérant, mais même là, j’aurais des doutes, vu l’état de son motel... Il est craignos, avoue… "

Fred s’interrompit quelques secondes, le regarda, comprenant qu’il n’aurait pas de réponses, qu’il ne l’écoutait peut-être même pas. Il aimait bien le regarder.

" Hé… "

Il passa une main dans les cheveux encore mouillé d’Adams, décollant de son front quelques mèches. La réaction ne se fit pas attendre.

" Quoi? "

Frederick soutint son regard interrogatif, l’air innocent, avant de lui sourire.

" J’avais jamais vu une horloge comme ça. C’est toi qui l’as crée ? Tu veux bien me montrer comment c’est fait ? Moi aussi, je crée des choses. Pleins de choses. Je te montrerais, tu verras. "

Il y avait plus d’un an qu’il n’avait plus eu envie de créer des objets, et surtout, de les montrer. Mais avec Adams, il avait envie de lui exposer un milliers de choses. Il espérait, sans savoir pourquoi, que ça l’intéresse, qu’il aurait le temps, pendant ces quelques jours, de lui montrer ce qu’il savait faire. Ses yeux se posèrent sur son pied, et il vit que le bandage était terminé. Il se dégagea doucement de la main de son infirmière, se demandant à quoi il pouvait bien penser et fit quelques pas. C’est là qu’il perdit sa serviette. Il regarda Adams, Adams le regarda, il rougit encore.

" J’aimerais bien des vêtements... "

C’est à ce moment là que son ventre choisit de gargouiller, ou plutôt de gronder comme si son estomac n’avait pas mangé depuis des jours. Frederick leva les yeux au ciel, et demanda s’il avait à manger.

Quand il lui parla de son horloge, Adams figea. Contrairement aux horloges ordinaires, celle-ci allait à reculons, affichant le nombre de minute qui le séparait de la mort prochaine d’un proche. À chaque mort, l’horloge recommençait, passant à une autre personne. Le coréen ne cessait de la fixer du regard la nuit, au lieu de dormir. Il ne pensait qu’au temps qui le séparait de leur mort, du temps qu’il lui restait pour agir, changer les choses. Le regard lourd de durs souvenirs, il finit le bandage sans pour autant répondre à l’autre. De toute façon, il devait être habitué à ses silences. Quand il eut terminé le bandage, Fred dégagea son pied, et se leva. Adams le suivit des yeux, prévenant à la moindre chute. Même à celle de la pauvre serviette.

Haussant d’un sourcil une seconde, il ne put s’empêcher de ricaner silencieusement quand Fred lui demanda des vêtements. Ceux qu’il avait apporté se trouver tout juste à côté, et sans attendre une seconde, il les lui jeta. Fred n’attendit pas pour les enfiler, rouge de gêne, et Adams quitta la pièce pour aller prendre l’ascenseur. Au bruit du ventre de son nouvel invité, il devait avoir faim. Et lui aussi, d’ailleurs. Alors il allait se rendre chez la voisine, qui se trouvait être un restaurant coréen. Comme d’habitude, la femme essaya de lui parler dans sa langue natale, mais n’y connaissant aucun mot, il se contentait d’hocher de la tête et de lui sourire. Une demi-heure plus tard, il reprit l’ascenseur dans le sens inverse pour retourner à son appartement.

Il fut accueilli par un adolescent criant et en manque de bouffe qui failli bien le faire tomber. Le fusillant un instant du regard, il tenta de se rendre à la cuisine, mais Frederick était bien trop affamé et bien vite, il se retrouva à manger à même le sol avec le gamin. Pauvre de lui.

"La prochaine fois, on mange à la table. Mais utilise les ustensiles!"

Le gamin lui tira la langue, et Adams se retint bien de la lui tirer. Passant une main dans ses cheveux, il jeta un coup d’œil aux photos qui se trouvaient toujours sur le mur.

" Monsieur. Suicide sait bricoler, alors? Ça m’étonne, vu que ta corde a à peine tenu le coup."

Il lui adressa un léger sourire au coin, avant de continuer à manger. L’autre grommelant presque en silence, chose presque étonnant, et Adams en profita pleinement. Il ne reprit la parole que lorsqu’ils eurent terminé de manger. Jetant un coup d’œil à son cellulaire, il se rendit compte qu’il était bien tard.

" Bon, je dois dormir. Tu prends le futon, je garde mon lit. Et n’ose même pas te faufiler dedans."

Ignorant les insultes et les plaintes de Frederick, Adams alla se coucher. Il fit fermer les lumières par magie, et de nouveau, le blessé se plaignit. Amusé, Adams s’endormit rapidement.

*

Quand il ouvrit les yeux le lendemain matin, se fut pour faire face au visage de Frederick qui le fixait, un grand sourire sur les lèvres. Par réflexe, il le poussa d’un coup sec, et le fit tomber du lit.

" Merde, je t’avais dit de pas venir dans mon lit, Weasley!"

De mauvaise humeur au réveil, Adams sortit du lit et fila vers son bureau. Ouvrant son portable, il alla ensuite partir le café dans la cuisine avant de revenir. Vêtu d’un simple boxer, collier portant la clé autour du cou, il alla s’asseoir sur la chaise d’ordinateur et regarder les divers journaux sur internet. Aucune nouvelle importante à propos de la Lincoln. La bouilloire se mit à siller à ce moment là, et se fermant l’ordinateur, Adams alla préparer le petit déjeuner. Il grimaça en voyant Fred bien assis à table, attendant son assiette…

Levant les yeux au ciel, il alla déposer un café devant le blessé.

"Bon… tu veux quoi? Œuf? Croissant? Crêpe? "

Il aurait pu manger n’importe quoi, il crevait de faim. Heureusement, ce n’était pas n’importe quoi, et c’était délicieux, même s’il avait du attendre trois plombes pour que Adams revienne. Un peu plus et il mangeait du papier, car le frigo de l’asiatique était désespérément vide. Il ne devait pas souvent être dans le coin. Fred lui parla encore, une fois qu’il eut terminé. Il n’avait pas vraiment de réponses, mais c’était pas bien grave.

" Bon, je dois dormir. Tu prends le futon, je garde mon lit. Et n’ose même pas te faufiler dedans."

" Hein ? Déjà ?! Mais je viens à peine de me lever ! T’as vu la place qu’il y a dans ton lit ! Adams allez, fais pas le troll ! Rhooo pff… "

Il le regarda l’ignorer et se coucher, comme une grand-mère. Il resta planté là, quelques minutes, avant de capituler et de s’allonger sur le sofa, jetant des regards contrariés vers la forme dans le lit. Il tourna finalement la tête vers l’horloge aux chiffres lumineux. Il ressentait comme une sorte d’angoisse au bout d’un moment, comme si voir ces minutes défiler et se rapprocher du zéro avait une signification très importante. Il entendit la respiration d’Adams se ralentir, il dormait déjà. Il se releva, et explora à nouveau le bureau. Cendrillon en avait profité pour ranger pendant qu’il était sous la douche, il l’avait déjà remarqué lorsqu’il était sorti chercher à manger. Il regarda les photos, s’arrêta sur celle de Morgan O’Connell. Les Weasleys ne portaient pas vraiment cette famille dans leurs cœurs. Depuis l’élection, ça s’était un peu arrangé, mais dans l’ensemble, on s’en méfiait.

Il passa l’heure suivante à essayer de comprendre qui pouvait bien être son sauveur, ce qu’était ces photos, ces dossiers, et surtout, ce qu’étaient ces chiffres qu’il ne pouvait s’empêcher de regarder toutes les cinq minutes. Mais Adams entrait dans la catégorie ‘énigme particulièrement difficile’. Il bossait dans un motel pourri des États-Unis, il savait faire le ménage, le service, soigner… et tuer des gens. Il vivait dans un loft industriel, dont il ignorait encore la localisation. Il y avait des trucs louches sur le bureau et la déco des murs se résumaient à des photos de pleins de gens et une horloge géante qui n’indiquait pas l’heure. Ah, et il l’avait sauvé de la mort, deux fois. Il retourna sur le sofa en sautillant, et il s’endormit la tête remplie de questions.

***

" Merde, je t’avais dit de pas venir dans mon lit, Weasley!"

Il avait eu l’idée idiote de le réveiller, cette marmotte. Mais voilà qu’il se retrouvait les fesses par terre, à crier parce qu’il était tombé sur son pied blessé.

" AAAïeeee enfoiré de Cendrillon ! "

Il s’assit sur le bord du lit, marmonnant contre lui, le temps que la douleur passe. L’autre faisait sa petite vie comme s’il n’était pas là, à regarder ses trucs sur son ordinateur, comme un vrai moldu toujours à l’affût des dernières infos du monde. La Lincoln publiait fréquemment leurs dernières prises. Il y avait même un compteur à la télé, pour compter les hosts et sorciers capturés, comme s’ils n’étaient que des numéros. La cruauté n’avait pas de limites avec eux. Il se radoucit en sentant l’odeur du café, il boitilla alors jusqu’à la cuisine, qu’il n’avait même pas encore pensé à explorer. Il prit place à table, attendant d’être servi par Adams, qui lui posa une tasse de café devant le nez.

"Bon… tu veux quoi? Œuf? Croissant? Crêpe? "

" Ah t’es de meilleure humeur ? Je veux bien des crêpes. Mon père m’en faisait tout le temps, quand j’étais… petit. "

Frederick avait bégayé sur la fin, conscient que ça lui avait échappé, qu’il n’avait jamais voulu dire ça à Adams, mais que pourtant, il l’avait fait. Déjà qu’il devait le prendre pour un gosse pleurnichard, il ne voulait pas en plus qu’il croyait qu’il était un fils à papa. Du coup, il ne dit plus rien pendant plusieurs minutes, noyant son gêne dans le café. La famille devait s’inquiéter pour lui, après tout, il était parti sans un mot. Roxanne devait criser de ne pas avoir toute l’attention, pour une fois. Mais il n’avait vraiment pas envie de retourner les voir. Il n’était pas prêt pour ça. Les premières crêpes arrivèrent, il les dévora plus qu’il ne les mangea. Réalisant qu'elles étaient délicieuses, il ne tarda pas à retrouver la parole.

" Tu sais aussi cuisiner !!! Mais sérieux, d’où est-ce que tu sors Adams… bon, encore un truc à rajouter sur ma liste spéciale Cendrillon. "

Il sortit un bout de papier de sa poche, fit apparaître un stylo, et écrivit ‘sait cuisiner’ en dessous de ‘sait buter des gens’. Il vit le jeune homme hausser les sourcils et il ne tarda pas à lui piquer la liste pour voir ce qu’il y avait d’écrit. Frederick s’empressa de le poursuivre pour la reprendre, car il avait aussi écrit ‘sexy body’ et ‘s’endort en moins de deux minutes’. L’autre se fichait de sa gueule, le repoussait comme d’habitude à la façon d’une mouche collante, sous les protestations de Fred qui sautillait autour de lui, agitant les bras et les mains pour tenter de chopper le papier.

Ils auraient sûrement continué à se battre s’il n’y avait pas eu le bip. Le corps d’Adams se figea telle une statue, et lui se raccrocha vivement à lui pour ne pas se ramasser par terre.

" Heu...c’est quoi ? "

Entendre Frederick lui parlait d’un quelconque souvenir d’enfance, même s’il était aussi anodin et léger qu’un déjeuner servi par son père, serra le cœur d’Adams. Le coréen ne le démontra pas pourtant, se mettant plutôt au fourneau. Si la veille le frigo était vide, il était maintenant pleins à craquer, la nourriture était cachée derrière un sort d’illusion la journée d’avant. Sortant tout ce dont il avait besoin pour faire les crêpes, il commença alors à se mettre au travail. La cuisine n’avait plus de secret pour lui depuis bien longtemps déjà, ayant observé sa mère faire à manger durant toute son enfance et ayant pris le relai à sa mort. Une poignée de minute passa avant qu’il ne serve les premières crêpes à son cher invité. Un léger sourire fleurit sur ses lèvres en le voyant les dévorer. Levant les yeux au ciel, il s’en fit quelque autre pour lui, plusieurs autres pour le blessé, et prit place à la table.

" Tu sais aussi cuisiner !!! Mais sérieux, d’où est-ce que tu sors Adams… bon, encore un truc à rajouter sur ma liste spéciale Cendrillon. "

Adams le dévisagea un instant, se demandant de quoi il pouvait bien être en train de parler. L’Ignorant complètement, Frederick sortit une petite feuille et y écrivit quelque chose. Le coréen haussa d’un sourcil, et surement trop curieux, il s’empara de la feuille. Il voulait savoir ce qu’il avait écrit à son sujet. Fred se leva d’un bon pour reprendre son papier, et se levant à son tour, Adams maintenu la feuille dans les airs, essayant de lire ce qu’il pouvait. Weasley écrivait vraiment mal après tout. Il réussit tout de même à capter quelques mots, comme dormir et sexy, ce qui le fit un peu rigoler.

Malheureusement, son portable choisit ce moment-là pour biper.

" Heu...c’est quoi ? "

Ignorant la question de Frederick, il déposa la feuille sur la table et alla jusqu’à son grand bureau. L’air dur, il alla son portable et ignora les multiples questions de Fred, regardant le message d’Oneida. Elle lui parlait de la prochaine mission que Lincoln lui avait confié, et lui proposait un quelconque rendez-vous pour parler de comment il allait s’arranger. Lui écrivant un rapide message, Adams alla par la suite chercher à quand était supposée la mort des prochains. Dans cinq jours.

Jetant un regard par-dessus son épaule pour voir où se trouvait sa petite mouche domestique, il dévisagea celui-ci. À peine discret, Fred lui adressa un grand sourire, quelques centimètres à peine de son visage.

" Qu’est-ce que tu fous, la mouche? Dégage. "

Il la chassa d’un bref mouvement de main, et verrouillant son portable, il retourna à la cuisine pour faire la vaisselle. Frederick le suivit sans un mot, et reprit place à la table.

Quelques minutes de silence prirent place, et Adams se mit à penser. Si Fred restait ici quelque jour, il allait certainement être au courant de certaines choses. Le coréen n’avait donc pas le choix de l’informer sur ses gestes, ou du moins, sur le plus gros de ses actes. La vaisselle à demi-faite, il passa une main dans ses cheveux, et après quelques hésitations, il décida finalement de prendre place à la table, brusquement. Perdu dans ses pensées, Fred sursauta.

" On doit parler, je crois. Il y a des choses que tu as vues, quand ils t’ont blessé. Et aussi quand j’étais dans la douche. Tu as certainement des questions, non? "

Le fixant, il attendit la suite.

Fred se sentait vraiment de trop. L’autre avait l’air vachement trop occupé par ses affaires maintenant. Le suivre devenait épuisant, à force de boiter à droite à gauche, sans parler des mouvements de Adams pour le chasser dès qu’il avait le malheur de croiser sa route. Il se lassa vite, mais il était tellement curieux. Le bip venait du portable, mais il semblait que c’était plutôt important, vu comment il se comportait.

" Bon mais c’est quoi, t’as rendez vous avec qui pour t’agiter partout là ?? "

Une réponse ? Oui ? Non ? Soupirant très fort pour que le jeune homme l’entende, il devait se contenter de son silence et des bruits de l’ordinateur. Il fit mine de s’en aller, vexé, mais Adams ne le remarqua même pas. De toute façon, il n’aimait pas trop les ascenseurs.

" Elle est comment la voisine ? Hé !... Je vais sauter par la fenêtre, je te préviens, t’auras fais tout ça pour rien… "

Frederick avait ouvert la fenêtre, mais c’était inutile, rien ne faisait réagir Adams. Il décida alors d’aller l’espionner en se plaçant derrière lui. Il eut à peine le temps de lire trois mots que Cendrillon se retourna pour le dévisager.

" Qu’est-ce que tu fous, la mouche? Dégage. "

" Pauvre troll ! Mais arrête de bouger, par Merlin! "

Il le suivit jusque dans la cuisine, et il leva les yeux au ciel en le voyant faire la vaisselle. Le ménage dans les moments critiques, c’était vraiment son truc. Il se posa sur la chaise, se mit en quête des restes de crêpes, et pour une fois, se tut, devant tant d’ignorance, et il se mit à penser à tout un tas de trucs. La corde revenait beaucoup dans son esprit, car il en était encore à se demander pourquoi elle avait disparut. C’était sûrement Adams. Il était sorcier après tout. Puis venait son père, qu’il chassait très vite de sa tête pour ne pas se mettre à pleurer comme un bébé. L’horloge fut néanmoins sa principale préoccupation, n’ayant pas l’habitude de ne pas comprendre un mécanisme.

" On doit parler, je crois. Il y a des choses que tu as vues, quand ils t’ont blessé. Et aussi quand j’étais dans la douche. Tu as certainement des questions, non? "

Frederick, après avoir sursauté, lui lança un regard intrigué, attendant une suite, attendant la blague ou quelque chose comme ça. Que le jeune homme ait remarqué son intrusion dans ses affaires, il s’y était attendu, mais sa proposition d’en parler le surprenait pas mal.

" Heu… Ah t’es sérieux ?? Tu vas vraiment me répondre cette fois ? "

Il eut le droit à un haussement d’épaule en première réponse, c’était déjà ça. Il fit semblant d’avoir à réfléchir, ignorant les regards de plus en plus impatients d’Adams en face de lui. Bien quoi, lui aussi avait le droit de le faire tourner en bourrique !

" Ben, j’ai vu des photos. Ainsi que des noms. Y en a que je connais… Tu dois les tuer ? Au motel, tu les as pas loupés… D’ailleurs ce motel, avoues que tu y bosses pas vraiment, si ? Et puis… il y a l’horloge. J’ai essayé de comprendre, et ça m’énerve de ne pas y arriver tu sais. C’est un décompte hein ? Les chiffres, ils me font flipper. Plusieurs décomptes hein ? Mais ça concerne quoi ? "

Estimant avoir posé suffisamment de questions, il s’interrompit, prenant pour la première fois l’air aussi sérieux que lui. Mais quand Adams ouvrit la bouche, il s’empressa de rajouter :

" Et je veux savoir comment est la voisine ! "

Il le fixait, attendant sa réaction. Frederick le regardait comme s’il venait de lui demander la chose la plus étrange du monde, et au bout d’un moment, il osa même lui demander s’il allait vraiment lui répondre. Adams eut envie de lever les yeux au ciel, de le traiter d’idiot et de partir, mais il se contenta d’hausser des épaules, bien trop las pour faire quoique se soit d’autre. Encore là, Fred n’osa pas encore lui poser des questions, et ayant des choses bien plus importantes à faire, Adams était de plus en plus impatient. Il était sur le point de lui dire d’accoucher quand Weasley prit enfin la parole. Il en soupira presque de soulagement.

" Ben, j’ai vu des photos. Ainsi que des noms. Y en a que je connais… Tu dois les tuer ? Au motel, tu les as pas loupés… D’ailleurs ce motel, avoues que tu y bosses pas vraiment, si ? Et puis… il y a l’horloge. J’ai essayé de comprendre, et ça m’énerve de ne pas y arriver tu sais. C’est un décompte hein ? Les chiffres, ils me font flipper. Plusieurs décomptes hein ? Mais ça concerne quoi ? "

Réfléchissant quelques secondes, le coréen chercha les bonnes réponses aux questions qu’il venait de lui poser. Certes il voulait l’éclaircir un peu sur les choses qu’il faisait, mais il ne comptait pas tout lui dire. Pensant rapidement à de petits mensonges parcellés de vérité pendant quelques instants, il finit par trouver quoi répondre, et ouvrant la bouche, il fut aussitôt couper.

" Et je veux savoir comment est la voisine ! "

Surpris par sa question, il ne put retenir un éclat de rire. Comment faisait-il pour être aussi stupide à un tel moment? Il n’arrivait pas vraiment à le comprendre. Se calmant doucement après quelques secondes, il passa une main dans ses cheveux et entreprit de reprendre son sérieux pour lui répondre.

"Et bien…commençons par la réponse la plus importante. La voisine se trouve à être un restaurant coréen, si tu veux tout savoir. Je leur aurais bien proposé ton pied pour leur plat, mais ils n’ont pas vraiment apprécié. Faut croire qu’ils préfèrent le chat. "

Il lui adresser un léger sourire moqueur, puis ignorant ses plaintes à propos des fautes espoirs qu’il avait bien pu lui donner, il reprit parole ;

" Les autres questions maintenant… La Lincoln Corporation a assassiné les membres de ma famille. Mon frère est mort en dernier, il y a quelques mois… et à ce moment là, j’ai décidé de les détruire. J’ai piraté leur système pour savoir leur plan. Tout ça, c’est ce que j’ai bien pu en retirer. Leurs cibles, et les jours de leur mission. Je n’ai que ça comme information, mais je compte bien les faire payer. "

Il y avait à peine de mensonge dans ses paroles. Il ne comptait pas lui parler de son voyage dans le temps, de ses connaissances sur leur futur ou autre chose. Voyager dans le temps était déjà une folie, surtout se montrer aux autres… alors il ne comptait pas dévoiler son identité à qui que se soit. Il voulait tout simplement jouer un grand rôle, mais dans l’ombre. Sa vie avait été un enfer et il espérait que l’enfant qu’il était à cet époque aurait peut-être une chance, grâce à ses actes, d’avoir une belle vie. Évidemment, cela allait rester un cercle vicieux… Lui agissant… l’autre ayant une belle vie… l’autre ayant une vie de mort, puis agissant, sauvant l’autre… et ainsi de suite. Une chance sur deux d’avoir la belle vie. Il aurait aimer avoir cette chance, par contre.

[HS; Bon, toto fini. Tu peux commencer le toto du parc d'attraction quand tu veux. Par contre, va falloir trouver une raison pour laquelle Fred est resté avec lui après s'être remis de sa blessure. ]

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