Tout, absolument tout a changé. Voilà mon Histoire

C'est putain d'triste, mais c'est le plus clair résumé de la vie de Joy. Ah, elle le porte bien, c'foutu prénom, c'est tout à fait elle. faut dire que ça l'était. Avant ! Quand elle était encore belle, pas juste bonne, quand elle était encore libre, pas juste vivante. Quand elle avait encore des amis, pas juste des voix. Mais tout ça, elle l'a oublié. C'est parti.

Pfwish ...

Comme un songe, quand on arrive pas à s'en rappeler.Mais les songes, les rêves comme ça, elle en a plus. Quand le sommeil la prend, l'arrache à ses pensées, de forces, il n'y a plus que des cauchemars, avec des gens morts, de sgens en sang, des gens perdus. des enfants, parfois. Alysa, aussi. Parce qu'elle lui manque, cette idiote de rousse. Même si elle ne l'admets pas, Joy aime Alysa comme sa petite sœur, et la voir si loin, c'est le pire déchirement que lui a fait cette mise en cellule. Peut-être qu'elle aurait donné et sa magie, et sa liberté, pour faire un adieu correct à Alysa, quand elle l'avait encore pu.

Pfwish ... « Nan, merde. Merde ! Pas elle, nan. »

Parce qu'au final, les souvenirs d'Alysa finissent, eux aussi, petit à petit, par s'effacer. Comme tout le reste. Dans sa tête, il ne reste plus rien, plus rien de sain. Il lui reste juste la voix. Une voix grave. Une voix à elle, rien qu'à elle, une voix que quoiqu'ils fassent, de toute façon, il ne pourront pas lui enlever. Sa seule compagnie, dans le noir, le noir constant. Joy a peur du noir. Joy a toujours eu peur du noir. Parfois, maintenant, même sans fermer les yeux, elle voit des ombres fondre sur elle, et elle pleure. Juste un peu. Et en silence.

« Pleurs pas, idiote, t'as pas b'soin d'ça. »

C'est peut-être un peu sarcastique. Mais elle n'est pas vraiment sûre de la définition, alors elle considère que c'est juste chaleureux. Que c'est la chose la plus chaleureuse qu'elle puisse entendre de la journée. Alors qu'au fond, la voix est froide et distante. ce n'est qu'une parade, oui, une simple façade. Elle le sent, parce que cette voix, c'est un peu elle. Elle a un nom, pour elle. Un nom dont elle n'arrive pas à se souvenir, un nom qu'elle cherche depuis sept ans. Sept longues années d'enfermement. Si elle sait encore compter. Peut-être six, peut-être huit, au fond.

« Essaye pas d'me nommer, ça t'apportera rien. Essaye de partir, plutôt. Avant d'mourir. C'pas beau la mort, et j'connais bien pour t'le dire. »

Elle veut pas mourir, Joy. Elle a des tas d'choses à faire avant. Elle voudrait bien revoir Alysa, déjà, parce qu'elle lui manque fort. Elle vit comment maintenant ? Si ça se trouve, elle a des gosses, elle vit entourée d'marmots braillards. Elle aimerait bien les voir, juste une fois, même si elle aime pas trop ça, quand ça crie. Elle pourrait revoir Keaven, aussi. Au fond, ils s'entendaient pas trop mal tous les deux. Faut dire qu'c'était sacrément ambiguë.C'qu'elle aimerait bien, aussi, c'est fumer une clope, et puis boire une bière, et puis un café, et manger du chocolat. Elle voudrait bien s'faire une partie de Guitar Hero. Et caresser un chien. Elle voudrait pouvoir dormir sans tous les cauchemars, de toutes les nuits.

« Barre-toi, idiote, y'a rien pour toi, ici ! »

C'est plus simple à dire qu'à faire. Ils ont toute sa vie. Toute ma vie entre leurs mains.